le récit de l'histoire:

Un certain 14 février 2004 vers midi, deux familles arrivent pour une semaine de ski à la station Val-Cenis Lans-le-bourg. Ils s'installent dans leurs locations, déjeunent dans un restaurant de la station, puis cherchent à louer des casques de ski pour les enfants. Là les loueurs leur précisent qu'étant donné que les casques sont réservés aux loueurs de ski, il faudra repasser le dimanche midi pour voir s'il reste des casques (eh oui!). Puis ayant récupéré les photos pour les forfaits, ils marchent le long de la route principale jusqu'à la "maison du ski". Les enfants souhaitant faire un peu de luge dans l'après-midi, demandent à partir aussitôt sans attendre les forfaits.

Il est 15h10 environ, le père d'Agathe accompagne donc les 5 enfants. Ils passent par le domaine skiable plutôt que par la route qui parait un peu encombrée en ce samedi, d'autant que les trottoirs sont enneigés. Ils arrivent au pied d'un premier tapis qui ne fonctionne pas, remontent le chemin pour arriver au jardin de jeux pour enfants puis redescendent le long du tapis. Le tapis est situé le long d' un chemin communal qui est bordé par une petite colline sur laquelle les enfants font de la luge. Il mesure 120 mètres de long, est surélevé de 20 à 30 cm au dessus du niveau de la neige à cette époque là. La bande qui transporte les skieurs est d'une largeur de 40 cm environ. Le père regarde même le poteau sur lequel est situé l'arrêt coup-de-poing (inscription en italien et en anglais "arrêt d'urgence" mais pas en français, par contre un bouton plus petit avec l'inscription "démarrer"). Aucun panneau de signalisation, de précaution a prendre ou autre, aucun danger apparent, d'autres tout petits enfants utilisent le tapis assis, d'autres couchés. Les enfants font de la luge pendant quelques minutes. Le père d'Agathe utilise une fois le tapis mais pas jusqu'à son extrémité.

Puis les autres parents les rejoignent et comme les cours de ski du dimanche commencent à 9h30 et que le forfait "6 jours" du dimanche au vendredi offre le droit de skier le samedi à partir de 15h00, les enfants souhaitent skier sur une ou deux vertes avant les cours du lendemain. Tout ce petit monde descend donc chercher les skis.

Thibaud (son frère de 14 ans) et Agathe remontent devant les autres. Thibaud enfile ses skis et utilise le tapis. Il demande à sa soeur Agathe de prendre ses skis à la main afin de ne pas prendre de risque de tomber. Le tapis n'étant pas large et sans main courante, la position "chasse neige" impossible, tenir sur ce tapis sur cette longueur sans tomber parait peu probable. Thibaud descend au bout du tapis sans détecter de risque particulier. Mais Agathe qui n'a pas vu de danger va jusqu'au bout du tapis et se fait happer. Il est 15h40 environ. Sa jambe droite, son bras droit et la moitié de son torse rentrent dans la trappe qui fait environ 10 cm sur 40 cm. Le tapis ne s'arrête pas. Puisque Agathe a crié, son frère enlève ses skis et rentre sa main le long du corps d'Agathe pour essayer de la ressortir, mais impossible. Heureusement une femme (que les parents souhaiteraient connaître et remercier) qui marchait sur ce chemin témoin de la scène appuie très vite sur le "bouton coup de poing" arrêt d'urgence; ce qui évite à Thibaud d'être aspiré par le tapis, Il ressort sa main toute abîmée par le tapis. Agathe, elle, reste coincée à l'intérieur. Les premiers passants, sa famille qui arrivent dans les minutes qui suivent n'arrivent pas à ressortir Agathe. Aucun moyen de débloquer le tapis: aucun moyen de mettre le moteur en roue libre. Elle reste asphyxiée dans la trappe. Les secours arrivent ensuite mais, même avec la force d'une dizaine d'adultes, Agathe ne peut être retirée de la trappe du tapis. Un pompier utilise un couteau pour couper la bande rugueuse, et tous ensemble nous tirons cette bande qui permet de ressortir le corps d'Agathe. Il est très certainement déjà beaucoup trop tard pour la sauver, mais cela ne sera compris qu'après plus d'une heure de réanimation avec tous les moyens mis à disposition...